Le démon se réveille
« Van… VAN ! » Merle courut se jeter dans les bras de celui qu’elle adorait. Le jeune homme fit disparaître ses ailes et caressa doucement les cheveux de la chatte.
« Eh Merle, doucement !
Maître Van ! Je veux juste vérifier que vous êtes bien là , sanglota-t-elle.
Tu avais dit que tu ne pleurerais plus. » Cette voix rappela à Merle qui accompagnait Van. Elle leva les yeux vers la personne qui se tenait auprès de lui. Elle sentit ses lèvres tremblaient et finit par sauter dans les bras de celle qui lui avait tant manqué.
« Hitomi !
Merle. Heureuse de te revoir. » Elle retint avec peine les larmes qui lui venait aux yeux puis son regard se porta sur les autres, immobiles et émus.
« Hitomi ! C’est bien toi , murmura Mirana en s’avançant, les mains jointes.
Mirana. Je ne croyais plus vous revoir.
Hitomi…je… bienvenue parmi nous. »Les deux amies s’enlacèrent amicalement. Van les regarda un instant. Lui aussi avait du mal à réaliser qu’elle était bien là. Sur Gaïa. Ce moment rempli de joie, il aurait aimé le conserver intact. Mais il ne pouvait oublier la menace de Slanzar.
« Quelle surprise ! Tu es toujours pleine d’imprévus, jeune fille , lança Gadès.
Et j’espère le rester , riposta gentiment Hitomi. Tiens, mais… c’est toi Séréna ? » La sœur d’Allen s’approcha timidement du petit groupe. Elle n’avait que très peu connu Hitomi, il y a de cela 3 ans. Elle n’en gardait qu’un vague souvenir. Pourtant elle fut tout de suite à l’aise avec la terrienne et répondit à son sourire.
« Et toi Van ? Nous pensions que tu… enfin…
C’est une longue histoire, Mirana. »
L’enfant essuya son visage. Il essaya de ne pas penser au sang des soldats qu’il venait de tuer, dont il était entièrement recouvert. Dral posa la main sur son épaule. Folken s’écarta de lui. Le guerrier sourit. Slanzar ne s’était pas trompé. Folken avait appris en une seule nuit toutes les techniques de combat à l’épée. Seulement il manquait quelque chose… une volonté de vaincre, de tuer…
« Bon travail Dral.
Seigneur Lacour ! Je ne croyais pas vous revoir de sitôt, répliqua le soldat de Zaïbacher. Alors ?
Ils sont là. Les dés sont jetés. Leur destin se terminera ici.
Vous ne m’avez toujours pas expliqué pourquoi vous vouliez leur mort.
Pourquoi te le dirai-je ? Toi, tu as tes raisons. J’ai les miennes. » Dral esquissa une grimace de mécontentement. Cet homme ne disait jamais rien au sujet de son but. Et lui, se contentait d’obéir. Car tous deux avaient un même objectif. Anéantir le roi de Fanélia.
« La machine du destin est en marche. On ne peut plus l’arrêter. Ils doivent tous mourir. Folken !
Oui, seigneur Lacour, demanda craintivement le garçon.
Es-tu prêt à accomplir ce pour quoi tu es né ?
Oui.
Dans ce cas, suis-moi. Tu dois grandir une dernière fois afin de pouvoir faire ton devoir. » Obéissant, Folken emboîta le pas à l’homme si mystérieux. Dral les regarda s’éloigner et ressentit un certain malaise. Il ne souhaitait pas que Folken devienne l’instrument de Lacour. Non, exploiter cet enfant lui rappelait trop de mauvais souvenir. Pourtant, il n’avait pas le choix. Il fallait qu’on en passe par là. Il ne quitta pas des yeux la frêle silhouette du garçon, pour la graver dans sa mémoire.
« Je voix. Si je comprends bien, il veut vous tuer en utilisant Hitomi et son pendentif, marmonna Gadès.
Exact. Cependant je ne sais pas pourquoi.
Nous avons un indice tout de même. Son nom : Slanzar Lacour, dit Hitomi.
C’est vrai que c’est étrange. Il faudrait découvrir qui il est et ainsi comprendre ses raisons. Gadès, où vous rendiez-vous , questionna Van.
Nous comptions aller en Astria.
Demander de l’aide à père et Elise, ajouta Mirana.
Vous avez raison. C’est sans doute la seule chose à faire. Et escaflowne ?
Il est resté sous bonne garde. » Van soupira. Ce n’est pas un groupe de soldats de Fanélia qui stopperait Dral. Cependant, personne d’autre que lui n’était en mesure de piloter le dragon blanc. Jusque là, la situation restait gérable. Mais il demeurait une question en suspend.
«Van ?
Oui Séréna ?
Je voudrai savoir… pour mon frère, Allen.
Sincèrement, je ne sais pas. Quand je me suis envolé pour la Lune des Illusions, il était prisonnier de Dral. » Mirana sentit les battements de son cœur s’accélérer. Même Van ne savait pas ce qu’il était advenu d’Allen. Hitomi perçut l’inquiétude de la princesse, de même que celle de Séréna. Ils étaient impuissants. Leur seule chance était Pallas. Voyant les mines fatiguées de tous, Van proposa d’aller se coucher. Demain, ils seraient arrivés. Après avoir accompagné Merle dans sa cabine, il ressortit silencieusement sur le pont. Il s’accouda à la rambarde, à côté d’Hitomi.
« Tu crois que nous y arriverons, l’interrogea la jeune fille.
Oui.
J’espère. Je veux vivre ici, sur Gaïa avec toi. Dans la paix.
Moi aussi, Hitomi.
Van, si jamais il revient, et s’empare de moi…
Ca n’arrivera pas !
Il ne faut pas se voiler la face ! Il a réussi une fois et je ne sais pas si je serai capable de résister à cet appel.
Un appel ?
Oui. Ce qu’il m’ordonnait, ressemblait à un appel. Comme si plusieurs voix se joignaient à lui pour que je lui obéisse.
Courage. Je t’aiderai.
Mais si…
Pas de mais ! Nous sommes ensemble et rien ne nous séparera ! Cet étranger, je le tuerai avant !
Van ! » Le cri d’effroi de son amie calma le prince de Fanélia. Tout lui était venu d’un coup. Il protègerait Hitomi.
« Excuse-moi. Mais j’ai confiance en l’avenir. Nous saurons qui sont Dral et Slanzar. Pourquoi nous en veulent-ils. Et nous les empêcherons de nuire.
Pourvu que ce soit vrai. Tu sais, je m’inquiète pour Allen.
Il est en vie. Allen est le meilleur chevalier d’Astria. Et il sait que sa sœur et Mirana l’attendent. On le retrouvera. » Hitomi regarda Van, d’un air surpris. Il avait tant changé. Il était plus mature, posé et optimiste. Un roi parfait en somme. Elle eut soudain honte d’elle-même. Elle qui n’était encore qu’une simple adolescente. Elle se demanda si elle avait changé en 3 ans.
Elle ferma les yeux et posa sa tête sur l’épaule de son compagnon. Van la contempla un instant puis maladroitement entoura Hitomi d’un bras, et toux les deux demeurèrent ainsi en silence.
Le jeune homme caressa l’armure blanche. Ses images se pressaient devant ses yeux. Des souvenirs ? Non, autre chose. Les deux autres personnes qui se tenaient auprès de lui attendaient immobiles, qu’il réveille le dragon. Escaflowne.
Le guymelef reçut une violente secousse. Allen reprit connaissance et regarda autour de lui. Trois autres guymelefs l’encerclaient. Malgré l’obscurité, il essaya de distinguer leurs origines. La forme anguleuse des robots le rassura. Ils n’appartenaient pas à Zaïbacher.
« Déclinez votre identité !
Dites-moi d’abord la vôtre, répliqua le chevalier sur la défensive.
Garde de la flotte du Seigneur Dryden Fassa d’Astria.
Dryden , s’étonna Allen. …Mon nom est Allen Shézar, chevalier céleste.
Alors que faites-vous dans un engin de Zaibacher ? Et de plus vous étiez en train de nous foncez dessus !
Veuillez m’excuser. Mais je dois absolument rencontrer votre maître ! » Les trois soldats hésitèrent un moment. Puis ils invitèrent Allen à les suivre et à se poser sur le pont du vaisseau-mère de la flotte. Une fois descendu du guymelef, il suivit docilement un des gardes jusque à une porte.
« Seigneur ? Le pilote du guymelef repéré désire se présenter à vous. Il s’agit d’Allen Schézar d’Astria. » Une réponse se fit entendre de l’autre côté. Décidé, Allen entra dans la pièce. En son centre, un homme se leva de son fauteuil et tendit la main vers lui.
« Ca faisait longtemps, Allen. »
Du sang… jonchait le sol. Autour, il n’y avait que du rouge. Un éclat lumineux trancha l’obscurité. Il se rapprochait inévitablement. Des plumes noires tombaient du ciel…
« Voilà toute l’histoire, Elise. » La voix de Mirana sortit Hitomi et Van de leur rêverie. Dans le bureau du roi d’Astria, l’ambiance était lourde. Elise détourna son regard de la fenêtre. Devant elle, Séréna, Mirana, Gadès, Merle, Van et Hitomi arboraient une mine anxieuse.
« Je vois. Dieu soit loué, vous êtes encore en vie, lança-t-elle à l’adresse du roi de Fanélia. Mais si je comprends bien, le chevalier Allen aurait disparu…
Oui, et c’est pour cela qu’il faut nous mettre à sa recherche. Et dans le même temps, nous occupez de Dral, précisa Van.
Je t’en prie Elise ! » Cette dernière fixa sa sœur pensivement. La détresse dans le regard de Mirana la laissa songeuse. Puis elle porta son attention sur celle qui se trouvait à côté de Van. Son expression se durcit. Hitomi frissonna légèrement quand elle sentit qu’elle était observée par la princesse.
« Bien. Je vous aiderai. En attendant, reposez-vous au château, finit-elle par dire.
Je vous remercie », déclara Van en lui baisant la main. Elise se dérida un peu et Hitomi sourit à l’idée que Van avait tout des manières de la cour. Tout comme Allen.
« Mirana. Reste un instant, veux-tu. » La princesse d’Astria acquiesça et attendit que les autres quittent la salle. Pendant quelques minutes, les deux sœurs se jaugèrent en silence. Silence qu’Elise se décida à briser.
« Elle est revenue.
Oui…
Tu es heureuse ?
Bien sûr ! Elle me manquait !
Alors pourquoi cette inquiétude, Mirana ?
Ce n’est rien… c’est…
Ne mens pas , la coupa sèchement son aînée. Tu crains qu’elle s’installe dans son cœur ?
C’est déjà fait… et ce depuis longtemps, répondit doucement Mirana. Et est-il encore en vie…
Il l’est. J’en suis sûre, dit Elise en se radoucissant. Mirana, je te soutiendrai toujours.
Merci Elise… merci… »
« Tu as de la chance, je me rendais justement à Pallas !
De la chance ? Peut-être… J’espère en apprendre plus là-bas. Et de là, j’informerai Séréna que je vais bien.
Tu es un frère modèle, Allen, fit Dryden d’un air amusé. On ne s’est guère vu ces derniers mois. A croire qu’il faut un problème pour nous réunir. Toutefois, quand Escaflowne y est lié… ce n’est pas un bon présage.
Oui… Tu venais rendre visite à la princesse Mirana , hésita Allen.
En quelque sorte. » Dryden but une gorgée de vin. Ses cheveux étaient toujours aussi long. Avec son physique, ajouté à son intelligence et à sa fortune, Dryden avait tout d’un bon parti. Le marchand scruta les traits d’Allen.
« Un homme beau, vigoureux et magnifique. Voilà comment je t’aurai jugé, si on m’avait fait femme, ria-t-il en posant son verre. Tu séduis toutes les files de la cour, à ce qu’on raconte. Pourtant, il paraît que tu n’as connu aucune aventure depuis 3 ans. A moins que tu ne préfères des rangs plus hauts. Des princesses par exemple… » Le chevalier ne releva pas l’insinuation de Dryden. Celui-ci émit un rire sarcastique, puis reprit un ton plus sérieux. Malgré tes blessures, tu as l’air en forme. Et d’ailleurs, qui t’as soigné ? Sûrement pas ton Dral et ses amis !
C’est un enfant qui s’est occupé de moi.
Un enfant ?
Plein de mystères… Et son nom était…Folken.
Folken , répéta pensivement Dryden. Le nom du frère de Van, si je ne m’abuse.
Exactement. Ce n’est pas une coïncidence.
Tu es sûr ?
Après avoir connu ce fou de Dunkirk, j’ai la certitude aujourd’hui que les coïncidences ne sont que chimères. »
Astria… L’air de la mer… Hitomi aspira l’air à plein poumon. Pour l’instant, elle se sentait bien. C’était si facile de croire que Slanzar n’avait jamais existé, de même que Dral. Et que bientôt, Allen les rejoindrait. Ainsi tout irait à merveille. Elle se souvint de la joie qu’ils avaient ressentie quand Zaïbacher avait été vaincu. Gaïa avait retrouvé la paix. Elle prit son pendentif dans ses doigts et le contempla. Si elle ne l’avait pas, y aurait-il encore un danger pour Van et pour elle ? Un reflet rouge attira son attention. Le bijou brilla un instant et un rire raisonna à ses oreilles. Sadique, cruel. Hitomi cligna des yeux. Et apeurée se retourna brusquement. Personne. Un étrange sentiment la prit. Quelque chose n’allait pas. Elle regarda à droite. De la terrasse de sa chambre, l’on apercevait celle de Séréna. Hitomi hésita puis prit le chemin de la chambre de la jeune fille.
Dral et Slanzar contemplèrent la ville de Pallas. Le moment était venu.
« Folken ?
Oui ?
Tu connais ta mission ?
Oui. Trouver la fille de la Lune des Illusions, et tuer Van Fanel », répliqua-t-il sans aucune émotion. Dral eut mal au cœur en écoutant Folken. Hypnotisé. Il n’y avait pas d’autre mot pour décrire ce que ce Slanzar lui avait fait. Le gamin d’avant était devenu un objet. Comme lui autrefois…
« Vas-y ! » Un nuage de poussière s’éleva pendant que le guymelef blanc s’envolait en direction de Pallas.
« Un dragon qui part traquer sa proie…
Le destin doit s’accomplir. Ils devaient mourir.
De quel droit vous vous permettez de dire ça , s’emporta soudain Dral.
Tu veux bien les tuer, toi , rétorqua Slanzar.
Oui… enfin pas tous ! Je n’ai qu’une personne à tuer ! Et j’en ai le droit ! » Slanzar le regarda. Un triste sourire éclaira son visage si fin.
« Moi, j’en ai le devoir. »
La jeune fille s’affaissa à terre. Quelque chose la rongeait de l’intérieur. Elle étouffa un cri de souffrance quand un mal de tête s’empara d’elle. Elle avait mal… peur. Une nouvelle douleur la fit plier en deux. Ses mains plaquées sur ses oreilles n’empêchait pas la voix de crier. De l’aide. Elle devait appeler de l’aide. Elle tenta de se mettre debout. Elle s’agrippa à une table mais un choc la prit et violemment elle repoussa le vase qui se trouvait sur le meuble. Les éclats de verre brisé résonnèrent.
« Allen ! Pourquoi… tu n’es…pas là… ?…, gémit Séréna en se sentant partir, disparaître dans l’obscurité.
Quelques minutes plus tard, il vit la porte de la chambre s’ouvrire. Une silhouette s’approcha de lui. Elle semblait alarmée. Normal. Sa respiration était saccadée et il gardait ses mains devant les yeux, de sorte que l’autre croit qu’il ne le voyait pas. Discrètement, il jeta un rapide coup d’œil à la personne qui se tenait devant lui. Et là, il le reconnut.
Van eut à peine le temps de reculer, évitant le poing de son assaillant. Néanmoins il se retrouva coincé dans l’angle d’un mur.
Pris au piège.
« On se retrouve, Van , minauda l’ennemi aux yeux de braise. Tu me reconnais, non ?
Comment es-tu revenu, Dilandau, l’interrogea le jeune homme essayant de gagner du temps.
Quelle importante ! Ce qui compte, c’est que je vais te tuer ! » Dilandau se jeta sur Van qui, bloqué, ne put éviter l’assaut. Les deux hommes roulèrent à terre, tentant de prendre le dessus l’un sur l’autre. Finalement, le gagnant fut le démon qui se mit à frapper Van de toutes ses forces. Aveuglé par sa colère, Dilandau ne remarqua pas qu’il desserrait son étreinte, laissant le champ libre à Van de l’atteindre. Ce dernier s’en aperçut mais hésita à s’en prendre à son ennemi. Même dans cet état, il était Séréna, la douce sœur d’Allen. Non, il ne pouvait pas la frapper, et pourtant… Il se prépara à lever son poing, mais son hésitation avait été trop grande. Déjà, Dilandau entourait de ses mains, le cou du prince.
« Ne te débat pas, Van Fanel ! J’ai juré de t’anéantir ! Et tu vas mourir, ici ! » Van chercha à repousser son adversaire, assis sur lui. Mais la haine de Dilandau décuplait sa force. Il ferma les yeux pensant très fort à Hitomi. Non, il ne devait pas abandonner ! Soudain, il sentit l’étreinte de Dilandau se relâcher. Reprenant son souffle, il regarda le garçon fou se redressait et marchait vers une autre personne.
« Hitomi ! » Son cri jaillit de sa bouche, alors que Dilandau saisissait la jeune fille apeurée par le bras. Cette fois Van n’hésita pas. Dégainant son épée, il toucha l’épaule de celui qui était Séréna, lui arrachant un gémissement de douleur. Profitant de son inadvertance, Hitomi se dégagea et courut se placer derrière Van.
« Sale garce ! Je t’écraserai de mes mains ! « La sueur perlait sur son front et ses yeux flamboyaient de rare. Hitomi ne parvenait pas à détacher son regard du sien.
« Prends-ça. » Elle réalisa que son protecteur lui donnait son épée, la seule arme face à ce fou.
« Non ! Et toi !
Prends-la , ordonna Van.
D’ac…cord » Dès qu’Hitomi eut la lame entre les mains, Van bascula de tout son poids sur Dilandau, dont l’épaule saignait toujours abondement. Il parvint à le maîtriser sur le sol. Mais d’un violent coup de coude dans le ventre, Dilandau réussit à libérer un bras et saisit à nouveau le cou de Van. A plat ventre, sa position l’empêchait toutefois d’avoir une prise plus resserrée mais lui permettait de gêner le jeune homme.
Tout à coup une ombre se dressa au-dessus d’eux et assena à Dilandau, une frappe précise qui le laissa inconscient. Van s’écarta de lui et prit la main que Gadès lui tendait.
« Je ne te remercierai jamais assez.
De rien. Rien de casser , questionna le second d’Allen, qui la mine troublée, fixait le corps de l’ex-soldat de Zaïbacher.
Quelques bleus… » Van suspendit sa phrase en regardant Hitomi. La jeune fille tremblait, gardant serrée dans ses bras l’épée de Fanélia. L’effroi et la crainte se lisaient dans ses yeux.
« Hitomi…
Il a voulu te tuer…
Hitomi.
Il a voulu nous tuer… Il…
Hitomi !
Ca recommence ! Je n’aurai pas dû revenir ici !
Tais-toi ! » Doucement mais sûrement, Van étreignit le corps frissonnant de son amie choquée. Petit à petit, elle commença à se calmer et bientôt, il sentit qu’elle redevenait elle-même.
« Ca va… Il ne te touchera plus…
Pourquoi s’est-il réveillé ?
Je ne sais pas encore… » Gadès agenouillé près de Dilandau appliqua un bandage de fortune sur sa blessure. Mais l’inquiétude le gagna quand il vit que le sang se déversait toujours.
« Vite ! Il faut qu’on le soigne ! Majesté, aidez-moi ! » Van s’approcha d’eux et à l’aide de Gadès souleva Dilandau. Soudain il y eut le flash : le dragon blanc jaillit devant lui, prêt à lui foncer dessus. Derrière la pluie de plumes noires, il entrevit la silhouette, la même, toujours indescriptible. Les voix d’Hitomi et de Gadès le tira de sa vision, tandis qu’au loin, une explosion retentissait, en plein centre de Pallas. L’épaisse fumée noire s’entrouvrit alors et un éclair éblouissant en émergea. Visant le palais dans lequel ils se trouvaient, le dragon prit son envol. Les trois amis regardaient, interdits, le guymelef d’Ispano qui de dirigeaient droit sur eux. Les vitres se fissurèrent quand il les frôla.
« C’est impossible , s’écria Van.
Van , appela Hitomi quand il abandonna Dilandau pour se diriger vers les escaliers qui menaient à la terrasse du château.
« Van, Hitomi ! », hurla à son tour Gadès, alors qu’elle se précipitait à son tour vers les marches. Elle ne se retourna pas. Rapidement, elle gravit l’escalier et arriva au sommet des remparts. Le spectacle qu’elle vit la laissa sans voix.
Comme Van, elle se contentait de fixer le dragon qui planait au dessus d’eux… et son pilote.
« Escaflowne…
Folk…Folken… ? »
« Quand Van m’a dit qu’il comptait repartir seul sur Gaïa, j’ai été…choquée. Je savais qu’il devait le faire, que sa place était là-bas. Comme l’était la mienne sur Terre. Mais pourquoi si vite ? Pourquoi, alors que sa vie y est menacé ? Pourquoi ? »
« Pourquoi ? » Hitomi marchait seul dans la rue. Ce qui s’était passé avant, elle s’en rappelait à peine. Les mots de Van l’avaient touchés et elle n’avait pu soutenir le regard sans émotion du roi de Fanélia. Aussi était-elle partie, loin de lui, loin de ce qu’il représentait. En sortant, elle avait bousculé Amano et Yukari qui venait les voir. Et elle errait maintenant à la recherche d’une réponse à ses questions à ses doutes, à sa peur. Elle regarda sa montre.
« Il est tard… Je devrais rentrer, avant qu’il ne retourne sur Gaïa. Pour lui dire adieu. Oh et puis non, qu’il s’en aille ! Tu n’es qu’un cauchemar !
- Où qu’un rêve. » Hitomi aperçut alors que Yukari se trouvait près d’elle. Elle lui souriait d’un air compatissant.
« Tu ne peux pas comprendre, répliqua Hitomi en continuant son chemin.
- Ah oui ?!
- Il vit ailleurs, dans un monde qui n’est pas le mien ! Un monde que je hais ! Et lui aussi !
- Je ne te crois pas. » Hitomi regarda Yukari. Cette dernière s’assit sur les marches de l’escalier, d’où on apercevait la mer. Elle invita Hitomi à l’imiter et toutes deux contemplèrent un instant l’océan.
« Tu sais Yukari… J’ai peur. Quand nous étions seuls…
- Je suis au courant, la coupa Yu. Van nous a expliqué.
- Il t’a parlé de ce Slanzar ? Mais comment l’as-tu compris ? Sa langue est différente de la nôtre.
- Il portait ceci, dit doucement son amie en lui tendant le pendentif atlante. Il me l’a ensuite remis, pour que je te le rende.
- Je n’en veux plus. Redonne-lui. Il en a besoin pour rentrer.
- Hitomi !, cria Yukari la prenant par les épaules. Tu ne comprends pas ?! Toi qui connaissais tout de nos sentiments, de nos humeurs ! Comment as-tu pu changer à ce point ?! Tu es égoïste et tu fais du mal à cet homme et à toi même par la même occasion ! Ecoute-moi, je t’ai bien vu hier, lorsqu’il est apparu. Tu semblais transformée. Il y a si longtemps que je n’avais pas eu l’impression de te voir si heureuse et inquiète. Inquiète parce que tu l’aimes ! A la folie !
Hitomi, je sais ce que c’est de vivre séparés alors qu’on s’aime tant. J’ai mal et suis triste quand Amano est loin. Et si j’avais la chance de pouvoir rester près de lui, je la saisirai.
«Non, je ne peux pas l’aimer, le suivre. Je suis trop lâche et si Slanzar dit vrai, je ferai du mal à Van. Je ne l’aime pas !
- Pourquoi te mens-tu à toi-même ? » Hitomi sursauta. Cette voix, c’était la sienne. Et elle se voyait à bord du Croisé… avec en face d’elle, Allen.
« Je ne crois pas que tu le déteste vraiment Allen. Ton père a commis des erreurs, c’est vrai. Mais, tu veux le comprendre pour pouvoir l’aimer.
- Comment aimer un être qui vous fait tant de mal ?!
- Ce n’est pas facile. Cependant tu l’aimes. Parce qu’il est ton père. Parce qu’en toi, il y a quelqu’un de bon et de noble, qui ne peut que pardonner et aimer. »
« Hitomi ?, interrogea Yukari inquiète.
- Je… dois lui parler. Il faut que je lui rende mon pendentif. Yukari où est-il ?
- Au lycée, naturellement » répondit gentiment son amie.
Sur Gaïa…
Le Croisé s’éloignait rapidement de Fanélia. Mirana, Séréna, Gadès et Merle, et des membres de l’équipage jetaient un dernier regard à la citée.
« Cap sur Astria, ordonna Gadès.
- Pas de problème, lança Kio en tournant la barre.
- Tu crois que c’est la bonne décision ?, questionna Séréna en posant sa main sur le bras du second d’Allen.
- Fanélia sans son roi, est une ville qui ne peut avoir de l’influence. Astria et particulièrement Pallas, pourront se renseigner sur ce Dral et ces prétendus chiens de Zaïbacher. Ils sont notre seule piste quant à la disparition de ton frère et du jeune roi.
- Et si ils ne font rien ?
- Merle !
- Ce dont je me souviens, c’est de la lâcheté d’Astria, envers Van-sama.
- Ils agiront. Elise et mon père s’en chargeront. Ou bien je ferai revenir Dryden au palais » répliqua Mirana en fermant les yeux.
Merle vit que la princesse ne se sentait pas bien et qu’elle avait été un peu trop sèche.
« Excuse-moi Mirana.
- Ce n’est rien. Je suis un peu fatiguée. Je vais aller m’allonger un peu.
- Je t’accompagne, proposa Séréna, déjà prête à lui prendre le bras.
- Non, tout va bien. Merci. » Mirana sortit de la salle de commandement. Elle prit le chemin de sa chambre, et s’y enferma. Elle sortit d’un coffret un objet. Cette gravure représentait les armoiries des Schézar. Elle eut soudain une douleur au ventre et s’assit à terre, laissant aller ses larmes.
Le garçon pleurait. Tout le monde aussi d’ailleurs. Ils étaient dans un jardin très beau, mais qui semblait si gris et maussade aujourd’hui. Il leva la tête. A ses côtés, il y avait un homme grand et fort. Mais dont l’aura semblait proche de la guerre. La guerre… il n’aimait pas ça. Agenouillée près de lui, une femme sanglotait, en silence. Une main s’empara de la sienne. Une main chaude, douce, innocente. L’enfant qui venait de se rapprocher de lui, lui rendit son regard. « Pourquoi Papa est parti ? »
Dral s’assit dans un
fauteuil, et médita un instant. Aucune nouvelle du maître. Ni de Van et de
cette fille de la Lune des Illusions. Et Allen avait pris la fuite grâce au
gamin. Et puis après tout, quelle importance. Dral se sentait comme légèrement
soulagé que le chevalier ne soit plus son captif. Il ne serait pas obligé, du
moins pour l’instant de mettre fin à ses jours.
Et au sujet du gamin…
« Vous m’avez appelez, seigneur Dral ?, demanda le garçon en s’avançant.
- Exact, Folken.
- Vous voulez me punir. C’est parce que j’ai libéré Allen Schézar.
- Non. Toutefois, dis-moi, pour quelles raisons as-tu laissé s’évader notre captif ?
- Il avait l’air gentil, et noble. C’est comme si je l’avais rencontré, avant…
- Bon, ça suffit, le coupa Dral en se levant. Tiens, ordonna-t-il en lançant par terre une épée. A défaut d’Allen, je serai ton professeur. Prends l’épée. » Folken considéra l’objet à ses pieds. Une arme. Quelque chose qui blesse. Qui tue la guerre.
« Non. Je ne veux pas.
- Je te le répète. Prends-la !
- Mais je… » L’air agressif de Dral le fit taire et Folken s’exécuta.
« Bien. Maintenant, tu vas devenir un vrai guerrier.
- Je n’ai jamais su me battre !
- En quelque sorte, si. C’est dans votre sang… Et tu apprendras vite l’art de manier l’épée, mais également, celui de piloter un guymelef. »
Sur Terre…
Van et Amano se trouvaient au milieu du terrain de sport. Le soleil se couchait lentement derrière les bâtiments du lycée. Ils ne disaient rien. Et quelle importance puisqu’ils ne pouvaient plus se comprendre avec des mots. Van pensait à Hitomi. Il s’était montré froid et distant avec elle. Mais il fallait qu’elle croit qu’il ne souhaitait et n’attendait rien de sa part. Pourtant, là encore sa détermination avait fléchi et il avait prié Yukari de chercher son amie… pour la revoir.
« Van. » Une voix féminine attira leur attention. Deux jeunes filles venaient à leur rencontre. Van demeura silencieux pendant que Yukari et Amano s’enlaçaient et qu’Hitomi marchait vers lui.
« Hitomi, je… Je te demande de me pardonner. Je ne voulais pas te blesser.
- Je comprends. Et excuse-moi. J’ai été assez maladroite en partant sans rien dire. Van, il faut que…
- Je dois rentrer Hitomi. Ils ont tous besoin de moi.
- Je sais.
- Viens avec moi. » Hitomi ne détourna pas son regard de celui de Van. Elle devait prendre une décision. Maintenant mais laquelle ?
« Que ferais-tu à ma place ? Ce n’est pas un choix facile. Ici, j’ai ma famille, mes amis, mon univers.
- Hitomi.
- Et si je repars, je risque… de te tuer ! Jamais je ne voudrais te faire du mal ainsi. Slanzar, il veut ta perte. Et il veut que je sois son instrument. » Elle s’arrêta un instant. La souffrance qu’elle lisait dans les yeux du jeune homme la troublait. Ce qu’elle venait de lui rappeler était sûrement une cause mais il y avait autre chose…
« Van… tu connais cet homme ?
- Non. Cependant, son nom et prénom me sont familier. On m’appelle Van Fanel mais normalement, c’est Van Slanzar de Fanel.
- Slanzar ?
- Oui. Et mon… frère, Folken se nommait…
- Folken Lacour de Fanel.
- Tu as deviné juste. Je ne crois pas aux coïncidences. Si il porte nos noms, il doit y avoir une raison, qui nous lie à lui. D’après ce que j’ai vu, il est puissant. Mais malgré cela, malgré ses menaces, je te le demande. Viens. Retourne sur Gaïa avec moi. J’ai besoin de toi, Hitomi. Je ne veux plus te laisser et endurer cette solitude.
- Tu n’as donc pas peur du risque que je représente pour toi ?
- Non. J’ai confiance. Tout ira bien. Je te protègerai… » Soudain, une lumière jaillit du ciel et commença à soulever lentement le prince du sol. Hitomi comme hypnotisée ne cessait de regarder le jeune homme qui lui tendait sa main. Puis elle reprit ses esprits et se jeta dans la colonne de lumière. Van saisit sa main et tous deux s’entourèrent de leur bras.
« Hitomi ! Ne nous oublie pas ! Et reviens un jour !, dit Yukari en les saluant de la main.
- Je te le promets ! Toi aussi ne m’oublie pas ! Et veille sur ma famille !, répondit en criant Hitomi dont la voix tremblait. Au revoir ! » La gerbe lumineuse les emporta vers Gaïa. Il ne resta bientôt aucune trace du couple. Amano serra Yukari dans ses bras. Elle laissa les larmes coulaient sur ses joues, observant toujours le ciel.
« Elle la dit. Tout ira bien, Yu. C’est une battante. Et nous la reverrons… »
Ailleurs au Japon, une femme leva les yeux vers le ciel. Sans savoir pourquoi, elle se mit à pleurer, tout en souriant.
« Maman, qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien.
- Eh regarde ! Une étoile filante ! Tu as fait un vœu ?
- Oui.
- Lequel ?
- C’est un secret. Allez. Ton père nous attend. » Elle referma la fenêtre et essuya son visage.
« Fais attention, ma chère Hitomi. Nous t’attendrons… »
Sur Gaïa…
Merle contemplait la Lune des Illusions. Une si jolie planète, si mystérieuse. Les autres dans la cabine de pilotage dicutaient un peu. Mirana, elle aussi, se tenait devant la vitre. Et toutes les deux remarquèrent une raie de lumière fendre l’obscurité.
« Là ! » Tous les regards convergèrent vers la direction qu’indiquai la chatte.
De cette éblouissante clarté, surgit un couple enlacé. Deux ailes magnifiques se déployèrent. Merle ne put s’empêcher de chuchoter leurs prénoms : « Van, Hitomi… »
à suivre...
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